Chiffrage des programmes par le Bureau fédéral du Plan : Les Engagés saluent l’exercice et plaident pour le compléter par un modèle d’évaluation santé

Les Engagés saluent le travail important que le Bureau fédéral du Plan a accompli durant ces quelques mois pour répondre à l’exercice difficile prévu par la loi relative au chiffrage par le Bureau fédéral du Plan (BFP) des programmes électoraux présentés par les partis politiques lors de l’élection pour la Chambre des représentants. L’objectif de cet exercice est de chiffrer (et donc d’objectiver) les propositions politiques issues des programmes des partis.

Nous adressons nos remerciements aux équipes du Bureau fédéral du Plan pour les échanges fructueux et l’accompagnement nécessaire afin de nous permettre de coller au mieux aux exigences de l’exercice, le rendant transparent, coopératif et le plus objectif possible.

Sur la base du chiffrage du BFP, nous en concluons que nos mesures : (1) Créent de l’emploi ; (2) Diminuent la dette ; (3) Diminuent les émissions de CO2 ; (4) Améliorent la croissance économique.

Nous avons été invités à proposer au chiffrage les mesures de notre programme qui, à nos yeux, semblaient être les plus importantes, dans les 8 catégories proposées par le BFP.

Parmi celles-ci, citons :

En matière de santé, le relèvement de la norme de croissance des soins de santé à 3,5%, le doublement de la part allouée à la promotion et la prévention de la santé, sans oublier, la fin des quotas inami ;

En santé également, la garantie autonomie qui permet aux personnes en perte d’autonomie de rester le plus longtemps chez elles, grâce notamment aux aménagements et aides à domicile couverts par l’assurance ;

En matière climatique, le mécanisme « d’isolation sans frais » : zéro frais, zéro tracas, zéro émission pour les ménages dans leurs travaux d’isolation, de même que l’investissement nécessaire en matière de réacteurs nucléaires ;

Concernant la fiscalité, le bonus bosseur de 450 € net, afin de mieux valoriser le travail et de créer un différentiel entre les allocations de chômage et le salaire minimum net qui supprime les pièges à l’emploi ;

En matière d’emploi, le renforcement de l’accompagnement des malades de longue durée afin de favoriser leur retour au travail, ainsi que le droit au rebond qui permet aux travailleurs en perte de sens dans leur job actuel de se lancer dans une autre aventure professionnelle, tout en gardant leurs droits sociaux. Le modèle du BFP souligne l’impact positif de ces mesures sur les finances publiques ;

Pour les familles, l’augmentation des allocations familiales à 300 €, en remplacement de la majoration des quotités exonérées, afin d’assurer un pouvoir de vivre décemment à tous les enfants, ainsi que le doublement de places d’accueil en crèche ou en lieu d’accueil subventionné (35.000 places en plus d’ici 2030). Le manque de places est un obstacle à l’emploi des parents et à la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Un accueil de qualité en crèche assure également un cadre d’épanouissement crucial pour les 1000 premiers jours de vie de l’enfant. Nous plaidons pour un droit à la crèche similaire au droit à la scolarité (disponibilité des places en priorité, ensuite gratuité progressive) ;

En sécurité sociale, nous défendons l’individualisation progressive des droits sociaux. Cette mesure est notamment essentielle afin de lutter contre les discriminations de genre ;

En matière d’enseignement, une revalorisation des barèmes des enseignants, la création d’un pool de remplaçants pour lutter contre la pénurie, un refinancement de l’enseignement supérieur et des mesures de lutte contre l’échec ;

En matière de justice et de sécurité, le recrutement de magistrats nécessaire pour remplir les cadres des tribunaux et l’accélération de la digitalisation. L’objectif est qu’un jugement ordinaire soit rendu dans l’année. Il en va de même pour le recrutement des policiers et la sécurité tant dans les grandes villes qu’en matière de lutte contre le grand banditisme et les trafics de drogue ;

En matière budgétaire, une approche « budget base Zéro » est préconisée. Elle permet la remise à plat et une évaluation de toutes les dépenses budgétaires, avant l’élaboration du budget de l’année suivante.

Malheureusement, nous avons dû nous résoudre à ne pas soumettre à l’analyse du Bureau du plan notre importante mesure de réforme fiscale globale qui vise à rendre la fiscalité plus juste, plus équitable, plus efficace et plus transparente. Cette réforme, réalisée avec l’aide d’experts reconnus, permettrait de renforcer les revenus du travail de tous les Belges en réduisant l’impôt sur le travail en moyenne de 20% et constituerait un levier puissant pour l’emploi.

La raison de non prise en compte de notre réforme fiscale globale tient au fait que cette mesure ne rentrait pas complètement dans le périmètre du chiffrage du BFP. En l’absence de donnée du SPF Finances, le Bureau fédéral du Plan a dû reconnaître son incapacité à pouvoir évaluer de manière globale cette réforme fiscale et à évaluer la hausse des recettes budgétaires que rendrait possible les mesures de renforcement de l’efficacité de la perception de l’impôt et de lutte contre la fraude fiscale. Notre réforme fiscale constituant un tout cohérent, son chiffrage aurait été biaisé si un pan important de la réforme ne pouvait pas être pris en compte.

 

Il conviendrait à l’avenir d’équiper adéquatement le BFP en données et modèles afin que des propositions fiscales d’ampleur puissent aussi être évaluées.

 

Nos mesures telles que reprises par le Bureau fédéral du Plan permettent néanmoins déjà de créer 69.000 emplois de plus que le scénario de référence d’ici 2029, tandis que complétées par notre réforme fiscale, le nombre d’emplois créés projetés aurait été bien plus important.

Il en va de même du taux de chômage qui sur base du chiffrage actuel se réduit à 5% (définition Eurostat – nous sommes à 5,7% aujourd’hui) alors qu’en prenant en compte la réforme fiscale, il passerait d’après nos estimations à 3,6%.

D’autres mesures qui nous sont chères, telles que l’investissement dans l’offre des transports publics, sont perçues selon le logiciel du BFP comme une dépense pure alors que de nombreuses études, dont la plus récente de l’OCDE, démontrent que le coût des embouteillages est évalué à 5 milliards d’euros par an[1]. L’investissement dans les transports en commun ne peut donc être réduit à une simple impulsion budgétaire, sans prendre en compte les retombées positives de la diminution des embouteillages (et donc de leur coût) et la hausse indirecte des recettes futures de l’Etat.

Aussi important soit-il, le travail effectué ne constitue pas une évaluation budgétaire complète de notre programme, comme celui des autres partis, mais une évaluation de l’impact sur différents paramètres macroéconomiques de certaines mesures prioritaires. Les conclusions du BFP par rapport à notre programme, doivent donc être lues avec les réserves d’usage notamment en matière d’emploi, de rémunération des travailleurs (indépendants et salariés), de croissance du PIB et de désendettement, qui se seraient appréciés si notre réforme fiscale globale avait pu être chiffrée.

En conclusion, nous prenons bonne note – et avec satisfaction – du fait que le Bureau fédéral du Plan estime nos propositions sérieuses dès lors qu’elles :

  • Réduisent l’endettement de 1,69% d’ici 2029 par rapport au scénario de base.
  • Améliorent le travail en créant – d’ici 2029 – 69.000 emplois en plus des 253.000 emplois prévus par le Plan dans son scénario de référence. Grâce à nos mesures, le taux d’emploi progresserait de près de 3% en cinq ans par rapport à la situation actuelle, passant de 72,4% en 2024 à 75,3% en fin d’exercice ;
  • Concourent à réduire – d’ici 2029 – les émissions de CO2 de 0,7% de plus que ce que prévoit le scénario de référence sur l’ensemble des cinq ans. Grâce à nos mesures, la transition climatique est mieux assurée tant en Belgique (où les émissions de CO2 par le secteur électrique diminuent de 0,3 Mt de plus que ce que prévoient les prédictions du Bureau du Plan) qu’en Europe (1,8 Mt de plus que prévu) car les émissions de CO2 ne connaissent pas de frontières. Des efforts supplémentaires demeureront néanmoins nécessaires pour atteindre nos engagements internationaux. Nous renvoyons à notre programme complet pour le détail des autres mesures que nous préconisons ;
  • Gardent un PIB relativement stable dont la croissance est garantie chaque année. Grâce à nos mesures, nous redresserons la croissance du PIB pour la ramener à 2,3% en 2029.

 

En résumé, nos mesures : (1) Créent de l’emploi ; (2) Diminuent la dette ; (3) Diminuent les émissions de CO2 ; (4) Améliorent la croissance économique.

 

Pour renforcer à l’avenir la pertinence de cet exercice important, nous voudrions suggérer, de manière constructive, deux points d’attention prioritaires :

 

  1. Premièrement, la nécessité de mieux appréhender les effets à long terme de mesures structurelles (sur 10 à 20 ans) dès lors que nous sommes dans une société en transition où l’urgence est de poser des actes aujourd’hui qui auront des effets dans les 10 prochaines années et au-delà. C’est le cas par exemple de la lutte contre les changements climatiques et de mesures comme l’isolation des logements et l’investissement en matière de centrales nucléaires, c’est tout autant le cas en matière de promotion et prévention de la santé. Le cadre temporel de l’exercice actuel donne une image tronquée de ces mesures dont les effets positifs se font ressentir bien au-delà des 5 années de législature ;
  2. Deuxièmement, nous saluons l’évolution de l’exercice du chiffrage qui ne se limite pas au volet budgétaire et économique mais prend aussi en compte, dans cet exercice les changements climatiques et le pouvoir d’achat. Cependant, il serait souhaitable de prendre également en compte l’impact sur les déterminants de la santé. L’expérience de la pandémie, la dégradation générale de la santé mentale et la hausse des pathologies lourdes (cancer, obésité…) rendent indispensables à nos yeux le développement d’un modèle qui appréhende les propositions des programmes sur la santé, l’environnement et la biodiversité. Nous sommes un mouvement qui milite pour une approche « health in all policies », soit une approche transversale de la santé dans toutes les politiques.

 

Nous remercions le Commissaire, ses experts et son équipe pour le travail réalisé.

Porte-parole Presse : Audrey JACQUIEZ – audrey.jacquiez@lesengages.be – 0497/161.86

 

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