Amputer la culture, c’est affaiblir notre démocratie

En réaction à la carte blanche intitulée « La culture, un rempart démocratique nécessaire contre les régimes autoritaires » publiée dans les pages de La Libre, Mathilde Vandorpe, notre cheffe de groupe en FWB, prend à son tour la plume pour rappeler notre engagement ferme pour une culture vivante, accessible et indépendante. Découvrez la ci-dessous:

Carte blanche: Moins de culture, plus de certitudes…

Ces derniers temps, la culture est devenue une cible commode. Dépréciée, caricaturée, reléguée au rang de distraction ou de privilège, elle est pourtant bien plus que cela : elle éclaire nos choix, questionne nos certitudes et façonne notre imaginaire commun. Elle n’est pas un luxe réservé à une élite, mais un bien essentiel qui nourrit notre esprit critique et renforce notre capacité à vivre ensemble. L’amputer, c’est affaiblir notre démocratie. C’est pourquoi Les Engagés défendent une culture accessible à tous, reconnue pour ce qu’elle est : un pilier fondamental de notre vie collective.

Nous vivons une époque où le spectre des extrêmes rôde, où les populismes prospèrent sur la peur et le repli. Face à cette menace rampante, la culture est un phare : elle enseigne la complexité, l’empathie, l’altérité. Elle est l’antidote au simplisme et à la division. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les régimes autoritaires, hier comme aujourd’hui, s’acharnent à la museler ou à la mettre au pas.

Or, que voyons-nous ? Des discours qui réduisent la culture à un simple ornement, un luxe réservé aux initiés ou un divertissement lucratif. L’idée que la culture devrait se plier aux logiques comptables est une illusion. Elle ne se mesure pas à son retour sur investissement. Elle est un bien commun, un service public de l’esprit.

Les Engagés se sont battus pour qu’elle ne devienne pas une variable d’ajustement, pour qu’elle conserve les moyens de ses ambitions. Et nous continuerons, car nous savons que son affaiblissement est le prélude à une démocratie anémique. La culture doit rester un catalyseur de questionnement, de critique, elle doit conserver aussi sa capacité à réinventer notre société.

Quand on coupe dans la culture, ce n’est pas qu’un budget que l’on rogne, c’est une part de liberté. Nous y serons particulièrement attentifs durant nos années au-devant de la scène.

Il est de bon ton, dans certains cercles, d’afficher un mépris mondain pour les artistes et les intellectuels, d’ironiser sur ceux qui « pleurnichent pour des subsides ». Comme si la création relevait du caprice et non de la nécessité. Comme si les œuvres ne structuraient pas notre imaginaire collectif, ne nous apprenaient pas à voir et concevoir le monde autrement. Mais ce cynisme ne trompe personne: il masque mal une volonté de neutraliser ce qui dérange, d’éteindre les foyers de contestation.

Alors oui, la culture est politique, au sens le plus noble du terme. Elle est l’espace où se discutent les grands récits, où se façonnent les futurs possibles. Elle ne se réduit pas à une ligne budgétaire : elle est la condition même de l’éveil démocratique. L’Histoire nous l’enseigne avec insistance : une société qui néglige sa culture se condamne, tôt ou tard, à l’amnésie ou à la soumission.

Nous défendons une vision où chaque individu a accès à la connaissance, à la création, à la beauté. Car une société éclairée ne se laisse pas séduire par les sirènes de l’autoritarisme. Elle refuse que la culture soit vidée de sa substance, réduite à un simple outil de communication ou de divertissement aseptisé.

C’est pourquoi Les Engagés réaffirment leur volonté de soutenir une culture vivante, accessible et indépendante. Défendre la culture, ce n’est pas défendre une corporation, c’est défendre une idée du monde. Une idée où chacun a sa place, où la pensée reste libre, où l’art continue de nous bousculer, de nous émouvoir, de nous faire rêver. Bref, une idée profondément démocratique.

 

Mathilde Vandorpe,

Cheffe de groupe des Engagés à la Fédération Wallonie-Bruxelles