Accord de Paris : 10 ans après. Un accord imparfait, mais la transition est en marche.

Ce 12 décembre 2025 marque les dix ans de l’Accord de Paris, premier traité mondial destiné à lutter contre le réchauffement climatique. Une décennie après son adoption, il demeure la pierre angulaire de la gouvernance climatique internationale, même si son ambition reste insuffisante face à l’urgence.

Un accord qui structure l’action climatique mondiale

Adopté par 195 États, l’Accord de Paris fixe une trajectoire claire : limiter le réchauffement à 2°C, avec l’objectif de tendre vers 1,5°C. Pour y parvenir, chaque pays doit définir des plans nationaux de réduction des émissions, et les renforcer tous les cinq ans.

Cet accord est le fruit de plus de vingt années de diplomatie climatique et repose sur trois piliers essentiels:

  • la réduction des émissions de gaz à effet de serre ;

  • l’adaptation aux dérèglements déjà inévitables ;

  • l’indemnisation des pays et populations touchés par les catastrophes climatiques.

Contraignant juridiquement, il engage les États, dont la Belgique, à passer des paroles aux actes. Malgré ses limites, il reste une victoire du multilatéralisme dans un monde fragmenté.

Un climat qui se réchauffe plus vite que prévu

Les faits sont alarmants : 2024 a été la première année où la température mondiale a dépassé de plus de 1,5°C la moyenne préindustrielle. Les émissions de CO₂ continuent de battre des records, alimentées par les activités humaines mais aussi par des boucles de rétroaction inquiétantes comme l’augmentation des feux de forêt ou la baisse de l’absorption naturelle du carbone par les océans et les sols.

Dès lors, l’Accord de Paris peut sembler insuffisant. Mais aucun accord n’aurait pu répondre parfaitement au défi, tant l’arrêt brutal des émissions aurait dû commencer dès… 1992.

Un accord imparfait, mais une dynamique bien réelle

Malgré ses limites, l’Accord de Paris a profondément infléchi la trajectoire mondiale. En 2015, sans mesures supplémentaires, les scientifiques prévoyaient un réchauffement de 4°C à 6°C, voire plus ! Aujourd’hui, grâce aux efforts amorcés depuis, la hausse attendue est estimée entre 2,3°C et 2,5°C.

Les COP successives ont permis de renforcer ce cadre et de l’opérationnaliser :

  • la COP26 a acté pour la première fois la sortie progressive des énergies fossiles ;

  • la COP27 a créé un fonds pour les pertes et dommages destinés aux pays les plus vulnérables.

L’Union européenne, de son côté, a mis en place des politiques climatiques qui ont permis une chute de 37% des émissions depuis 1990 et des investissements massifs dans le renouvelable.

L’accord reste pertinent, même sans les États-Unis

Le retrait américain sous Donald Trump ne remet pas en cause ni l’existence, ni l’utilité, de l’Accord de Paris :

  1. Le traité continue de s’appliquer entre les 194 autres parties.

  2. La dynamique climatique mondiale ne dépend plus d’un seul pays : l’Europe, l’Asie, les villes, les régions et les entreprises poursuivent la transition.

  3. Les États-Unis peuvent, comme en 2021, à nouveau réintégrer l’accord sous un futur gouvernement.

Le cadre reste solide, opérationnel et politiquement nécessaire.

Renforcer les ambitions : un intérêt collectif

Agir pour le climat n’est pas une option morale, mais un enjeu économique, social et environnemental majeur.

  • Le Bureau du plan estime qu’un réchauffement de 3°C coûterait 5 % de PIB d’ici 2050.

  • Les entreprises réclament un cadre clair : un plan d’action partagé est indispensable pour sécuriser les investissements.

  • La transition crée déjà des opportunités d’emploi qui doivent être anticipées en matière de formation.

Les Engagés prennent leurs responsabilités : trois exemples récents

  1. Encourager la sortie des énergies fossiles
    Le gouvernement fédéral introduit un tax shift énergétique : réduction des accises sur l’électricité – majoritairement nucléaire et renouvelable et hausse sur le gaz et le mazout. Une mesure structurante pour accélérer la transition.
  2. Un plan national énergie-climat intégré
    Le gouvernement fédéral et les Régions ont finalisé début octobre le plan stratégique qui définit les orientations et les mesures à mettre en œuvre afin d’atteindre les objectifs énergétiques et climatiques à l’horizon 2030, tout en poursuivant la neutralité climatique.
  3. Soutenir les circuits courts et nos commerces
    Une taxe de 2 € par colis importé hors UE vise à freiner le flux massif de colis bon marché (1,4 milliard par an) et à protéger nos commerces locaux de la concurrence déloyale.

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